"Romanzo criminale" : un gang d'affranchis dans les brouillards de l'Italie

Durant quinze ans, une bande de jeunes voyous a contrôlé toutes les activités illégales à Rome. Natifs de la Magliana (un quartier périphérique), ils avaient investi en commun la rançon du kidnapping d'un notable pour constituer un puissant réseau de trafic de drogue, intimider les caïds, quadriller les territoires de la prostitution, et s'étaient construit un empire. Trois têtes brûlées dirigèrent successivement cette organisation : le Libanais, le Froid et le Dandy, ce dernier s'étant imposé comme amant à une jolie pute entretenant des relations ambiguës avec un flic qui, toutes ces années, traqua le gang.

Créée au milieu des années 1970, l'apolitique bande de la Magliana eut des contacts mystérieux avec le pouvoir. Elle fut mêlée aux grands drames politiques qui ensanglantèrent le pays : l'attentat de la piazza Fontana à Milan, l'enlèvement d'Aldo Moro, l'attentat de la gare de Bologne. Et entretint des rapports opaques avec la mafia, la loge maçonnique P2, des organisations d'Etat manoeuvrant dans l'ombre.

C'est donc l'histoire souterraine de l'Italie, l'époque des années de plomb, qu'évoque ici Michele Placido, adaptant un roman fleuve à succès de Giancarlo De Cataldo, magistrat à la cour d'assises de Rome (éd. Métailié). Le cinéaste s'est assuré les services des deux scénaristes de Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana, film qui avait fait un malheur en mêlant pareillement l'histoire d'une famille aux soubresauts nationaux. Il a fait appel à de bons comédiens, et signe une mise en scène assez convaincante qui veut rendre hommage au Sergio Leone d'Il était une fois en Amérique et entend proposer une réplique italienne des Affranchis de Martin Scorsese.

Thriller populaire à la fois brut et romanesque, Romanzo criminale n'est quand même pas au niveau du roi new-yorkais, ni à celui de Francesco Rosi, l'auteur de Lucky Luciano, L'Affaire Mattei et Cadavres exquis, expert en enquêtes sur de ténébreux dossiers. En partie parce que, comme le livre dont il s'inspire, et malgré l'irruption épisodique de films d'actualité, il laisse le contexte politique à l'arrière-plan. Pire : il reste sciemment dans les brumes qui obscurcirent ces affaires, entretient même un trouble sur les stratégies du terrorisme rouge ou noir et les collusions soupçonnées entre terroristes, mafieux, milieux d'extrême droite, services secrets, CIA.

Comments

[Aurora]

FORZA ITALIA (qd même)!!
Aucun "forza italia" de ta part sur mon blog morue sèche t'as du le mettre sur un autre blog te connaissant ! allez va me rectifier ça et ke ça saute !